Énergies renouvelables. Où en est le Maroc ?
Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable.

La consommation énergétique du Maroc a augmenté, entraînant des investissements visant à renforcer la production et améliorer la sécurité énergétique tout en dynamisant les énergies renouvelables. La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, dresse le bilan des réalisations et dévoile les projets futurs qui soutiendront cette transition.

« Le Maroc a connu des avancées significatives dans le domaine des énergies renouvelables au cours des dernières années » a souligné la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali lors d’une réunion du groupe de travail thématique temporaire sur la transition énergétique au sein de la Chambre des représentants.Selon la ministre, la consommation énergétique au Maroc a évolué de 15,133 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2009 à 22,723 millions de tep en 2023. Cette augmentation de près de 50 % révèle la demande croissante en énergie, particulièrement en électricité, qui a atteint environ 43 991 GWh en 2023, comparativement à 25 016 GWh en 2009.Renforcement de la capacité de production électriquePour répondre à cette demande, Leila Benali a souligné que le Maroc a renforcé ses moyens de production d'électricité, ajoutant 6 510 MW provenant de diverses sources entre 2009 et 2023. Cela représente environ 57,5 % de la capacité totale à la fin de l'année 2023. La capacité électrique installée est passée de 6 127 MW en 2009 à 11 980 MW fin août 2024, soit une augmentation de 95 %. Les investissements annuels moyens dans le secteur ont atteint 7,2 milliards de dirhams.Elle met l’accent sur une tendance significative de réduction de la part de la capacité installée provenant de sources fossiles, hors charbon. En effet, la capacité liée au gaz a diminué de 4,14 %, tandis que celle du fioul a connu une baisse plus marquée de 13,23 %.Énergies renouvelables. Une montée en puissanceLa capacité électrique des énergies renouvelables est passée de 1 969 MW en 2009 à 5 304 MW à fin août 2024, représentant ainsi une évolution de 32,2 % en 2009 à 44,3 % de la capacité totale installée à fin août 2024.« Le nombre de licences accordées pour le développement de projets d'énergies renouvelables a quadruplé, atteignant 56 projets durant la première moitié de la législature actuelle, contre seulement 14 entre 2011 et 2020 », a noté Leila Benali. De plus, la capacité des énergies renouvelables autorisée a atteint 1 991,5 MW au cours de cette même période, marquant une hausse significative par rapport aux 1 139 MW enregistrés de 2011 à 2020, ce qui représente une augmentation de 75 %. Parallèlement, les investissements dans les projets d'énergies renouvelables approuvés ont totalisé environ 25,3 milliards de dirhams, en hausse de 42 % par rapport aux 17,5 milliards de dirhams mobilisés durant la période précédente. »Vers une intégration optimale des énergies renouvelablesPour accompagner cette expansion, le Maroc prévoit de multiplier par quatre à cinq ses investissements dans le réseau électrique, invitant le secteur privé à participer à cette initiative. Parmi les projets stratégiques, une connexion de très haute tension entre le sud et le centre du Maroc, avec une capacité de 3 GW, a été lancée avec un appel à manifestation d'intérêt prévu pour le 15 octobre 2024.Le Maroc travaille également à renforcer ses interconnexions électriques avec l'Espagne et le Portugal. Une nouvelle ligne d'interconnexion avec l'Espagne portera la capacité commerciale à 1 550 MW, tandis qu'un projet avec le Portugal prévoit une interconnexion de 1 000 MW.Efforts en efficacité énergétiqueLors de son exposé, la ministre a dévoilé les programmes et projets réalisés ainsi que ceux à venir dans le domaine de l'efficacité énergétique. Elle a souligné que le Maroc a lancé plusieurs initiatives, notamment un programme de soutien de 200 millions de dirhams, qui s'étendra jusqu'en 2026, visant à améliorer l'efficacité dans les secteurs du bâtiment, de l'industrie et de l'éclairage public. Le programme de réhabilitation énergétique des mosquées a permis d'économiser jusqu'à 40 % sur les factures d'énergie pour plus de 4 500 mosquées, avec la planification de 1 530 mosquées supplémentaires. Par ailleurs, un système d'information est en cours de développement, permettant de suivre et d'évaluer l'efficacité énergétique à l'échelle nationale, facilitant ainsi l'évaluation des programmes et projets d'efficacité énergétique dans tous les secteurs clés de l'économie. En outre, Benali a évoqué le lancement d'études dans le cadre de la coopération internationale, visant à établir les performances énergétiques minimales des systèmes d'éclairage et à définir le niveau de consommation énergétique obligatoire pour les audits énergétiques dans les secteurs du logement, de l'industrie, des transports et de l'agriculture.Feuille de route pour le gaz naturel La feuille de route pour le gaz naturel au Maroc s'articule autour de plusieurs axes stratégiques, visant à renforcer l'infrastructure énergétique du pays d'ici 2026. Dans un premier temps, des pipelines seront construits pour transporter la production des champs de gaz de Tendrara et d'Anchois vers le gazoduc maghrébin-européen (GME) dès 2024. Parallèlement, plusieurs points d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL) seront développés. Cela inclut la construction d'une station de GNL au port de Nador West Med connectée par un pipeline de 132 km au GME, ainsi qu'un projet visant à relier Mohammedia à cette infrastructure pour alimenter les centrales électriques et les installations industrielles voisines. Une troisième unité est en cours d'étude pour établir une station de GNL sur la façade atlantique. À moyen terme, après 2030, le Maroc prévoit de livrer une station de GNL atlantique et de développer une nouvelle station au port de Dakhla Atlantique. Enfin, l'horizon long se dessine avec l'intégration régionale, notamment par le raccordement du réseau national aux pipelines de Mauritanie et du Sénégal via le gazoduc Nigeria-Maroc. Cette feuille de route vise à diversifier les sources d'approvisionnement en gaz et à soutenir la transition énergétique du pays.Produits pétroliers, booster les investissementsEn 2023, la consommation nationale des produits pétroliers liquides a atteint 11,7 millions de tonnes, enregistrant une légère baisse de 2 % par rapport à l'année précédente. Cette consommation se répartit principalement entre le gazole, représentant 52 %, et le butane, qui constitue 24 % de la consommation totale. Dans le même temps, le Maroc a produit 49 millions de mètres cubes de gaz naturel et importé 810 millions de mètres cubes, tout en recevant 7,35 millions de tonnes de charbon.Leila Benali a expliqué que le secteur fait face à de nombreuses contraintes et défis tels que le développement des capacités de stockage actuellement d'environ 3 millions de mètres cubes, le suivi de la politique de libéralisation des prix, l’amélioration de la gouvernance avec la mise à jour du cadre législatif et réglementaire pour suivre les évolutions du secteur pétrolier au niveau national et international. Des initiatives telles que la création d'un comité technique avec la caisse de compensation et la planification des infrastructures énergétiques visent à optimiser la gestion des ressources et à assurer la sécurité énergétique du pays.Enfin, des mesures incitatives pour encourager les investissements privés dans le secteur ont permis l’octroi de des licences à 16 nouvelles entreprises, augmentant ainsi le nombre d'opérateurs de 19 à 35 avec l’approbation préliminaire accordée à 8 nouvelles entreprises pour exercer l'activité de distribution de produits pétroliers. Ceci a permis a création de 590 stations de vente de carburant, générant 2 950 emplois et un investissement de 1,77 milliard de dirhams depuis le début du mandat du gouvernement. 78% des stations-service créées par les nouvelles entreprises de distribution se trouvent en milieu rural.Accroitre les capacités de stockage De plus la ministre a expliqué que, le Maroc s'est engagé dans un plan ambitieux pour accroître ses capacités de stockage des hydrocarbures, en partenariat avec le secteur privé. À ce jour, l'exploitation de nouvelles capacités a permis d'atteindre un volume de 1,011 million de mètres cubes, grâce à un investissement d'environ 2,8 milliards de dirhams. Ce développement significatif se traduira par une augmentation de 20 jours dans l'autonomie de consommation de gasoil, de 28 jours pour l'essence super et de 16 jours pour le gaz butane.En vue de l'achèvement des projets programmés d'ici la fin de 2024, des efforts supplémentaires permettront d'accroître les capacités de stockage de 20 000 mètres cubes, soutenus par un investissement de 197 millions de dirhams. Cette expansion apportera un jour de plus pour le gasoil et deux jours supplémentaires pour le super.Pour 2026, les objectifs prévoient la réalisation d'une capacité de stockage additionnelle de 324 000 mètres cubes, nécessitant un investissement estimé à 750 millions de dirhams. Cette initiative vise à garantir une augmentation de 11 jours de la consommation nationale de gasoil et de super, ainsi que deux jours pour le gaz butane, renforçant ainsi la sécurité énergétique du pays.