Lettre ouverte à Madame Isabelle Valois, Ambassadrice du Canada au Royaume du Maroc
Madame l’Ambassadrice,Je vous écris en tant que directeur de publication de L’Observateur du Maroc, hebdomadaire francophone appartenant au groupe Global Media Holding, un acteur majeur des médias au Maroc, historiquement et structurellement tourné vers l’Occident, avec des liens profonds et constants, en particulier avec les États-Unis d’Amérique.Cette lettre n’est ni politique ni personnelle. Elle est l’expression d’un attachement sincère et profond à des principes universels : la dignité humaine, la tolérance, la vérité, la liberté d’expression encadrée par la responsabilité, et les fondements mêmes de la démocratie libérale. C’est en leur nom, et non au nom des personnalités qui ont été visées, que je prends aujourd’hui la plume.Depuis plusieurs mois, un citoyen canadien nommé Hicham Jerrando utilise les plateformes numériques pour mener une campagne d'une extrême violence. Il s’agit non pas d’opinions, ni même de critiques, mais d’un flux continu d’injures, d’attaques personnelles ignobles, d’insultes ciblant parfois des membres de familles décédés, d’accusations mensongères, de propos antisémites et d’une propagation délibérée de haine et de confusion.Le plus troublant dans cette affaire, Madame l’Ambassadrice, n’est pas tant la violence de cet homme que le silence des autorités canadiennes, qui laissent l’un de leurs ressortissants s’en prendre publiquement, de manière répétée et sans retenue, à la dignité de femmes et d’hommes. Ce silence prolongé devient coupable, car il n’honore ni la réputation du Canada, ni les valeurs qu’il revendique sur la scène internationale.Nous ne vous demandons pas de croire sur parole ce que nous dénonçons ici. Nous vous demandons simplement de faire traduire les vidéos publiées par ce citoyen canadien, et de juger par vous-même. Vous constaterez que ses contenus n’ont rien à voir avec la liberté de la presse ou le droit d’expression. Ils relèvent du harcèlement, de l’outrage à la dignité humaine, et de la provocation haineuse.Le Canada, que nous avons toujours considéré comme un allié naturel des démocraties respectueuses, peut-il encore offrir sa protection morale à un homme dont les actes sapent tout ce à quoi votre pays prétend croire ? Laisser un citoyen canadien agir en toute impunité dans ce cadre ne peut qu’affaiblir l’image du Canada comme refuge des droits humains et des principes éclairés.Et permettez-moi, en guise de réflexion, de rappeler un principe fondamental partagé par de nombreuses démocraties occidentales, y compris les États-Unis et plusieurs pays européens :Lorsqu’un citoyen, profitant du privilège que lui accorde sa nationalité, utilise ce statut pour inciter à la haine, promouvoir l’antisémitisme ou justifier des actes contraires aux droits humains, la déchéance de nationalité est souvent envisagée — non comme une sanction politique, mais comme une mesure de cohérence républicaine et de préservation des valeurs fondamentales.Protéger la démocratie, c’est aussi refuser que ses libertés servent de refuge aux discours qui la détruisent.Madame l’Ambassadrice, nous espérons que le Canada ne laissera pas son nom être instrumentalisé par ceux qui méprisent ses principes. Le respect entre nations commence par le respect de soi. Et ce respect exige, parfois, de rompre le silence, même quand il est inconfortable.Veuillez croire, Madame l’Ambassadrice, en l’expression de ma considération vigilante et profondément préoccupée.