La décompensation lancée en catimini

CAISSE DE COMPENSATION L’arrêt de la subvention aux carburants devient, en partie, effectif. Le gasoil a été quelque peu épargné mais le processus est enclenché pour être appliqué dans sa totalité.

«Les prix de l’essence super et du fuel industriel numéro 2 ne font désormais plus partie des produits subventionnés par la Caisse de compensation », annonce le département des Affaires générales et de la gouvernance. D’après l'économiste Hicham El Moussaoui, ces mesures interviennent dans un contexte social sensible, marquée par la révision à la hausse des prix de plusieurs produits. La décompensation est, selon notre interlocuteur, dictée sont sans nul doute par les impératifs macroéconomiques, et les multiples pressions du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. Et El Moussaoui d’ajouter : « Les prémices se faisaient déjà ressentir au cours du dernier trimestre de l'année écoulée, lorsque l'Exécutif a mis en œuvre l'indexation partielle des prix des carburants. Ce qui se passe aujourd'hui est le prolongement logique de ces décisions qui finiront par coûter cher au gouvernement ».

Les pétroliers marocains, regroupés au sein du GPM (groupement des pétroliers marocains) avaient lancé un appel clair au gouvernement pour supprimer la Caisse de compensation, et laisser la place « à la vérité des prix » des produits pétroliers. Pour eux, c’est la seule manière de dépasser les distorsions que connaît le marché. Lequel fonctionne avec des arriérés de paiement variant entre 10 et 14 milliards de dirhams. Une situation jugée intenable par les professionnels concernés.

Réduction progressive de la subvention du gasoil

L'abandon du soutien de l'Etat ne concernera que l'essence super et le fuel industriel, destiné aux grandes industries, alors que la gazoil domestique restera encore un produit subventionné. Cette décision qui n’a nullement fait l’objet d’aucune concertation préalable, comme le scande l’opposition, a été publiée dans le Bulletin officiel n°6222 du 16 janvier 2014. Dorénavant, le prix de l'essence super sera indexé sur celui du marché international, de même que pour le fuel industriel dont le coût de la tonne a baissé cette semaine à 4.944,4 dirhams contre 5.076,63 dirhams. L'indexation, qui entrait en vigueur dès que la moyenne des prix dépassait le seuil de 2,5% à la baisse comme à la hausse, est dès lors abandonnée pour le fuel industriel et l’essence. En outre, le prix de ces deux produits, selon l'article 2 de l'arrêté gouvernemental, sera revu tous les 1er et le 16 de chaque mois. A fin octobre prochain, la réduction de la subvention du gasoil passera à 0,80 dirham le litre seulement contre 2,15 dirhams actuellement. En octobre 2014, le litre de gasoil passera à 9,89 DH contre 8,54 DH actuellement, et sera en fait assujetti à l'indexation des prix des produits énergétiques.

« Compte tenu des contraintes financières, le Maroc ne pouvait plus continuer à subventionner le prix des carburants. Cette politique n’a fait qu’aggraver le déficit budgétaire », commente Hicham El Moussaoui. Ces mesures sont présentées comme étant quasi incontournables pour le gouvernement. Le Maroc ne pouvait en effet continuer à se comporter comme un pays producteur. Sauf que le gouvernement a franchi le pas sans se donner la peine d’expliquer sa décision. Une démarché jugée risquée.