Errachidia : 12 enfants violés par leur professeur
Le pédophile cachait bien son jeu

La bête immonde frappe encore ! Cette fois-ci à Errachidia. Une nouvelle affaire de pédophilie avec un professeur de primaire comme principal accusé. Douze élèves affirment avoir été violés par ce présumé pédophile. Retour sur la pédophilie en milieu scolaire et comment en protéger nos enfants.



La petite communauté de Sidi Ali dans la province d’Errachidia a été secouée cette semaine par cette nouvelle affaire de pédophilie. Soupçonné d’avoir violé 12 élèves, le professeur a su bien cacher son jeu jusqu’à ce que le pot aux roses ne soit dévoilé par hasard, au fil d’une conversation entre l’une des victimes et son ami. L’accusé a d’ailleurs été présenté devant le parquet général près la Cour d’appel à Errachidia en début de semaine.

Modus operandi

Attirant les enfants chez lui, le pédophile présumé leur offrait quelques dirhams en échange de relations sexuelles. Profitant de sa situation, il mettait les enfants victimes en confiance avant d’abuser d’eux. En découvrant ses manœuvres, les parents des victimes ont aussitôt déposé plainte. Une enquête a été ouverte, les victimes et le professeur ont été entendus.

L’enseignant a été ainsi arrêté, le 24 avril et placé en garde à vue. Le 26 avril, le Procureur du roi décide de le transférer à la prison locale d’Errachidia. Il est désormais poursuivi par plusieurs chefs d’accusation dont « attentat à la pudeur sur mineur en utilisant de la violence tout en ayant une autorité sur les victimes », un facteur aggravant dans de telles affaires. D’après des sources locales, à la découverte de ses méfaits par les habitants de Sidi Ali, le professeur, accompagné de sa famille, est allé s’excuser auprès des familles des victimes pour tenter d’échapper aux poursuites judiciaires. Il a même essayé de faire valoir un certificat médical pour justifier ses actes. Une tentative vouée à l’échec.

Que dit la loi

Rappelons que le code pénal marocain, précisément les articles 484 et 485, prévoient des peines d’emprisonnement à l’encontre des auteurs d’attentat à la pudeur, lorsque l’infraction est consommée ou tentée sur une personne mineure de moins de 18 ans, incapable, handicapée ou une personne connue pour ses capacités mentales faibles, de l’un ou de l’autre sexe. Selon ces deux articles, l’attentat à la pudeur est passible d’une peine d’emprisonnement allant de 2 à 5 ans (sans violence) et de 10 à 20 ans (Avec violence).

Notons que les défenseurs des droits des enfants appellent à une reconsidération de ce crime à commencer par le qualifier d’agression sexuelle au lieu d’attentat à la pudeur, comme c’st le cas actuellement. Après l’affaire tragique de Adnane Bouchouf violé et tué par un pédophile en 2020, le PPS a élaboré une proposition de loi relative à la protection des enfants contre les agressions sexuelles. Dans cette proposition, le parti prévoit des peines plus sévères à l'encontre des pédocriminels et un élargissement de la définition du viol contre les enfants.

Ils sont parmi nous

« La pédophilie et les prédateurs pédophiles sont bien parmi nous et ils ont une prédilection pour les milieux où évoluent les enfants telles les écoles, les airs de jeux, les colonies de vacances... Il faut donc protéger nos enfants en redoublant de vigilance, en surveillant en permanence et en les sensibilisant aux dangers qui les guettent », nous explique auparavant Najia Adib, présidente de l’association « Ne touche pas à mes enfants ». Cette dernière insiste d’ailleurs sur l’importance de l’éducation sexuelle. « Les enfants doivent savoir ce qu’un pédophile et ce qu’il risque de leur faire. C’est la seule manière de les aider à le reconnaitre s’ils le rencontrent dans le milieu scolaire ou ailleurs », nous explique Adib.

Même avis du côté de Dr Mohcine Benzakour, psycho-sociologue. Considérant les pédophiles comme des malades que l’on ne doit pas pénaliser, le spécialiste estime toutefois qu’ils sont à 100% responsables de leurs actes. « Les pédophiles doivent absolument être isolés et pris en charge », note Benzakour. Mais tant que ces prédateurs ne sont pas démasqués et que la loi n’a pas encore durcit les peines à leur encontre, il va falloir être préventif et s’en protéger en les détectant, comme le conseille-t-il.

« Pour ce faire, des normes et des mécanismes de détection doivent être installés au sein de la société et dans les différentes institutions fréquentées par les enfants », explique le spécialiste tout en reconnaissant qu’il est souvent difficile de détecter un pédophile car cachant souvent son jeu. « Au Maroc n’en parlons même pas des moyens de détection. Car culturellement, la société marocaine, il y a des siècles de ça, a déjà accepté la pédophilie en se murant dans son silence. Au mssid comme chez le mâalem artisan, les enfants apprentis ont souvent été des victimes de pédophilie », regrette Benzakour.

Détectons-les !

Rejoignant Adib dans sa démarche préventive, le thérapeute appelle au lancement d’une campagne de sensibilisation au respect de l’intimité de l’enfant et à la sacralité de son corps. « Au Maroc, un enfant est considéré comme une propriété privée que chacun a le droit de toucher sans aucune gêne. En famille, dans la rue, en société, tout un chacun peut embrasser un enfant, pincer ses joues, toucher son corps » décrit Benzakour. D’après ce dernier, la sensibilisation doit commencer à la maison, au sein de la famille, à l’école, dans les colonies de vacances et dans toute sorte d’institutions accueillant des enfants.

« Cette sacralité se doit d’être inculquée et incrustée dans les esprits car elle est primordiale dans ce processus de prévention. Le deuxième mécanisme n’est autre que l’éducation sexuelle », insiste le spécialiste. Un enfant doit être absolument avisé dès l’âge de 8 ou 9 ans en lui expliquant ce que c’est son corps et son appareil génital. « A la maternelle, nous devons apprendre aux enfants quelles sont les parties intimes que toute personne n’a pas le droit de toucher, y compris les parents. En plus de la sensibilisation de masse via les différents médias », conclut Mohcine Benzakour.