Hamid Bentahar: "Pas de relance sans sauvetage des entreprises touristiques »
Hamid Bentahar, président de la confédération nationale du tourisme

Pour la saison estivale 2021, les professionnels du tourisme espéraient faire mieux qu’en 2020. Mais les nouvelles mesures restrictives ont coûté cher aux professionnels. Le secteur cherche aujourd’hui, à surmonter ses difficultés et préparer l’avenir. Vision du nouveau directeur de la CNT, Hamid Bentahar. 



Lobservateur.info : Comment se porte le tourisme actuellement ?Peut-on parler d’une reprise lors cette saison estivale ?

Hamid Bentahar : Nous avons été très optimistes pour la saison estivale. Finalement, l’instauration des dernières mesures de restriction ont pénalisé les opérateurs et paralysé le secteur, toutes branches confondues. Au niveau des stations balnéaires, certains établissements ont enregistré certes de bonnes performances pendant le mois de juillet, mais, cette catégorie ne représente que 20% de la capacité totale. Les destinations phares comme Fès, Marrakech, Meknès, Ouarzazate...n’ont pas profité, sans parler du tourisme rural, des maisons d’hôtes et riads, des transporteurs touristiques, des agences de voyages...qui agonisent aujourd’hui. La performance globale cumulée du secteur sur l’année 2021 est donc catastrophique. Elle est même pire que 2020. Il va sans dire que le secteur vit une crise sans précédent. Une crise très profonde qui n’est plus à démontrer. Il y a une souffrance généralisée. Au-delà des difficultés, il y a des drames qui se produisent surtout avec l’arrêt dès le mois de juin, des indemnités octroyées.

Quels actions prévues pour sauver le secteur ?

Sur le court terme, il faut agir et en urgence. Il n’y aura pas de relance sans sauver les entreprises et préserver les emplois. Trois actions sont prioritaires pour la période Juillet-Décembre 2021. D’abord, il faut finaliser des démarches entre les départements tourisme, des finances et la direction générale des collectivités locales (DGCL) pour le report de paiement des taxes locales et de la taxe professionnelle à partir de Janvier 2022, avec étalement sur 24 mois. Le prolongement du contrat programme jusqu’à la fin de l’année en cours est aussi une nécessité. Ensuite, nous comptons signer une convention spécifique avec le GPBM, pour permettre le reprofilage de la dette bancaire à long terme, et le renforcement de l’intervention de la CCG. La 3ème priorité est axée sur la mise en place d’un plan de relance offensif par segment d’activité et la signature ́ d’un nouveau contrat programme sur la période 2022-2024.

Quels seront les axes stratégiques de ce nouveau contrat programme ?

Dans le contrat programme signé en 2020, certaines mesures ont été prévues mais restent spécifiques à cette période particulière. Les choses ont évolué depuis. Et un nouveau contrat programme devrait être adopté. Il s’agira de placer les jalons de la relance. On doit travailler main dans la main avec les pouvoirs publics si on veut sauver ce qui reste à sauver. La bonne nouvelle c’est que le secteur reviendra plus fort parce que l’envie de voyager est toujours là. Dès qu’on libère, on ouvre les frontières et les lignes aériennes, les voyages reprennent. Avec l’effort exceptionnel sur le volet sanitaire notamment en matière de vaccination, il est temps de donner de la visibilité pour les professionnels sur la période à venir.

Selon vous, à quand un vrai redémarrage de l’activité touristique ? Et quels pronostics pour les années à venir ?

Ce sont les décisions que nous prenons aujourd’hui qui déterminerons la reprise du secteur. En l’absence de décisions courageuses et urgentes, le secteur ne reprendra ses couleurs que dans 5 ans voire même 6 ans. Or, si on donne de la visibilité aux professionnels, on investit dans la relance et on prévoit les bonnes mesures pour préserver l’écosystème et la chaine de valeur, la reprise sera effective dans deux ou trois ans. Nous sommes persuadés qu’il est possible de retrouver un niveau d’activité correct d’ici sur 12 à 24 mois. à condition d'agir rapidement.