Coupe du monde. Ce que pourrait gagner le Maroc sur le plan économique
Le succès historique des Lions de l'Atlas pourrait générer de grandes retombées économiques pour le pays.

Le succès historique des Lions de l’Atlas en coupe du monde représente une opportunité indéniable pour le Maroc et devrait donner un coup de fouet à toute l’économie du pays. Focus sur les retombées attendues et les enseignements à tirer.

«L’équipe nationale a rendu fier tout un pays et a pu rassembler tout les marocains autour du football. Elle a même pu rassembler les arabes et les africains. Au-delà de l’euphorie, cet exploit devrait générer des retombées économiques importantes pour le pays à court et moyen terme voire même à long terme », résume Abdeslam Seddiki, économiste et ancien ministre de l'emploi et des affaires sociales. L’économiste Zaher Badr Al Azrak, quant à lui, pense que c’est une opportunité inattendue qui a été octroyée au Maroc. Encore faut-il l’exploiter.

Une aubaine pour le tourisme

« Ce succès historique de l’équipe nationale à Qatar est une publicité gratuite pour le Maroc via le sport», note Al Azrak ajoutant que cela a permis de développer une image de marque que le Maroc voulait mettre en place depuis de longues années pour attirer les IDE, les touristes...Avis partagé par Seddiki qui pense que dorénavant de nombreux pays voudront découvrir et redécouvrir le Maroc et l’Afrique du Nord.

Al Azrak estime que même si le Maroc n’a pas réussi à organiser la coupe du monde et donc n’a pas investi des montants colossaux au niveau des infrastructures pour s’y préparer, il pourra profiter de ce qui se passe aujourd’hui à Qatar. Selon lui, il faudra booster cet effort et passer à un autre niveau de marketing de l’image du Maroc.

Dans le tourisme, une accélération des réservations en prévision et les acteurs du tourisme devraient voir leur activité grimper en flèche. Une tendance confirmée par l’un des professionnels du secteur qui confie que les hôtels de Marrakech par exemple affichent complet pour la période de fin d’année. «A l’international la destination Maroc se fait connaître aux yeux du monde entier grâce à cet exploit sportif », ajoute le professionnel. L’ONMT le reconnait d’ailleurs. Pour l’office, l’évolution de l’équipe nationale est une aubaine en termes de rayonnement de l’image du pays à travers le monde entier. « C’est la plus belle campagne que le pays pouvait espérer », se félicite l’ONMT. A la lumière de ces réalisations, Al Azrak propose ainsi de doubler les objectifs établis pour le tourisme et tabler par exemple sur quelques 20 millions de touristes à partir de l’année prochaine.

Quid des investissements ?

Des retombées sont également attendues sur le plan des investissements. «Nous avons déjà une charte de l’investissement et établi de nouvelles orientations stratégiques dans ce domaine. Il faut aujourd’hui exploiter cette opportunité pour attirer des investisseurs notamment dans le secteur sportif», insiste Al Azrak ajoutant qu’il y a déjà des centres de formation au Maroc liés à cette activité et donc l’ambition serait de faire du pays une destination phare du tourisme sportif à l’échelle africaine.

C’est l’occasion aussi de booster le made in Morocco, comme l’affirme Seddiki. De son côté Al Azrak met l’accent également sur les opportunités dans le secteur industriel. «Il ne faut pas rater cette occasion. Au contraire, il faut capitaliser sur les acquis du pays notamment dans le secteur industriel et montrer le vrai visage du Maroc en tant que grand pays pionnier dans le domaine qui vient de lancer un vaste plan d’investissements dans plusieurs secteurs stratégiques », détaille l’économiste en préconisant de faire la propagande des success stories marocaines dans divers secteurs comme celui des phosphates, de l’automobile, des énergies renouvelables...

La question est de savoir si le pays saura convertir cet exploit en opportunités d’affaires. Sur ce volet, Seddiki reste convaincu que le Maroc doit adopter la méthode Regragui dans tous les secteurs. Pour lui, le monde est en train de se recomposer. Et pour le Maroc, c’est le moment ou jamais de profiter de cette période d’euphorie pour mettre le turbo et accélérer son développement. Il propose ainsi de créer un rapport de confiance avec la jeunesse et adopter quelques gestes politiques forts qui pourraient avoir un impact considérable sur plusieurs niveaux.

Pour sa part, Al Azrak explique qu’il faut tirer les leçons de cette victoire historique des Lions de l’Atlas. «Le football n’est plus simplement un jeu, c’est toute une économie. Et cela pourra être le parcours de milliers de jeunes marocains et source de créations de plusieurs emplois », insiste l’économiste. A son avis, dorénavant, le gouvernement doit être investi dans des politiques publiques en accordant plus d’importance au sport, à l’économie du sport et à la jeunesse. Il ajoute aussi qu’il faut mettre en avant ces exemples de joueurs marocains qui pourront inspirer toute une jeunesse. « Ce sont de bons modèles à suivre ».

Le même économiste fait savoir qu’il s’agit aussi d’une victoire de valeurs. «Le Maroc est en train de transmettre des valeurs culturelles et sociales via le football qui sont bafouées en Europe », renchérit-il. En gros, «Grâce au football, le Maroc est aujourd’hui gagnant au niveau économique, culturel, marketing, ...il faut juste profiter de cette aubaine et faire travailler les méninges », conclut-il.