Financement climatique. Le secteur privé peut mieux faire
Le financement climatique au Maroc est majoritairement public, avec une contribution du secteur privé ne dépassant pas 30 %, bien en dessous de la moyenne régionale.

Le financement climatique au Maroc repose principalement sur le secteur public, avec une participation du secteur privé en deçà de la moyenne régionale, malgré d'importantes opportunités d'investissement, selon un rapport du ministère de l’économie et des finances.

Au Maroc, le financement climatique reste largement dominé par le secteur public, tandis que l'implication du secteur privé demeure remarquablement faible. Entre 2011 et 2019, les contributions privées n’ont fluctué qu’entre 25 % et 30 %, un chiffre nettement en deçà de la moyenne régionale du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, qui s'élève à près de 50 %. Ce constat préoccupant émerge du rapport intitulé « Stratégie de développement de la finance climat à l’horizon 2030 », élaboré par le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) en collaboration avec Bank Al Maghrib, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS).À l’échelle mondiale, les financements climatiques ont atteint une moyenne annuelle de 1,3 trillion de dollars entre 2021 et 2022, dont 49 % provenaient du secteur privé. Toutefois, plus de 90 % de ces fonds ont été dirigés vers des projets d'atténuation, laissant à peine 5 % pour les projets d’adaptation, ce qui souligne l'urgence d'attirer davantage d'investissements dans ce secteur crucial.Opportunités d'investissementLe rapport met en lumière des opportunités d’investissement significatives pour le secteur privé, évaluées à 4,5 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030. Ces investissements se concentrent principalement sur des projets d'atténuation, tels que la production d'énergie verte et l'électrification des transports, qui présentent des modèles économiques plus attractifs que ceux des projets d'adaptation, souvent jugés peu rentables.Pour stimuler l'engagement du secteur privé, il est impératif de démontrer la rentabilité des projets climatiques. Cela nécessite l'établissement de mécanismes financiers et de politiques incitatives visant à rassurer les investisseurs. L'objectif est d'atteindre un taux de financement privé de 50 % d'ici 2030, un but ambitieux mais réalisable avec des mesures appropriées.Diversification des mécanismesSelon le rapport, la principale source de financement privé au Maroc provient des investissements en actions, qui représentent 30 % du total. Les dettes commerciales, principalement allouées aux projets d'énergies renouvelables, contribuent entre 10 % et 15 %. En revanche, le financement public reste prépondérant, avec des dettes préférentielles à 39 % et des subventions à 18 %.Le même rapport préconise une diversification des mécanismes financiers, intégrant des produits d'investissement « verts », des innovations en Fintech, un marché volontaire du carbone, ainsi que des options de financement pour le grand public, comme l’achat de véhicules électriques.Enfin, il est souligné qu'un retard existe dans la création d'une classification financière verte. Celle-ci est cruciale pour permettre aux investisseurs et aux autorités de définir clairement les activités économiques qualifiées de « vertes ». En partenariat avec la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement, le MEF a lancé un projet visant à établir cette classification.