Pénurie du verre. Opportunité ou menace ? 
La flambée des prix du verre et la rareté du matériau paralyse l'activité de construction.

A l’instar de la plupart des matériaux de construction, le verre est touché par une hausse des prix et une pénurie sans précédent. La situation risque encore de s’amplifier, avec des répercussions à tous les niveaux, jusqu’au client final.



«Depuis plusieurs mois, les prix de plusieurs matériaux de construction se sont envolés de manière significative. Le verre fait partie de la liste et il est même de plus en plus rare sur le marché », déclare le président de la fédération des matériaux de construction (FMC), David Toledano. Il ajoute aussi que «vu l’insuffisance de l’offre et l’amplification de la demande, le prix du verre a subi une augmentation de plus de 30% sur le marché international ».

Les raisons d’une pénurie

Le secteur du bâtiment constitue un des débouchés traditionnels de l’industrie du verre au Maroc. Jusque là, le secteur dépendait fortement des importations en provenance notamment de l’Espagne, de la France, de la Chine... Cependant, l’état de l'économie mondiale, lié à la crise sanitaire, est en grande partie à l'origine de la pénurie de matériaux qui touche actuellement le secteur. «La crise sanitaire a engendré la fermeture de nombreuses usines à l’échelle mondiale".

De plus, le contexte est marqué par l'augmentation du prix du fret maritime et l’explosion du coût de l’énergie », explique Toledano. De son côté, le vice président de la FNPI, Anice Benjelloun, estime que la flambée des prix et la rareté du matériau paralyse l'activité de construction et empêche le secteur du bâtiment de mener à bien ses chantiers et de respecter ses délais de livraisons, d’autant plus que le verre n’est plus utilisé uniquement pour les vitrages, mais aussi pour les façades et autres...

Une opportunité à saisir?

Le Maroc compte bien quelques fabricants du verre dont l’offre est destinée pour l’automobile, l’immobilier.... La production pour le bâtiment évolue de 5% par an en moyenne atteignant actuellement près de 70.000 tonnes. Pour Toledano, cela reste insuffisant et ne permet pas de couvrir la demande qui a repris de manière exponentielle. Une hausse des prix a été aussi constatée au niveau du marché local.

Pour sa part, Aicha Raitab, l’ex-dirigeante de Verre taj, une entreprise spécialisée dans la fabrication du verre, qui a fermé ses portes, note que la santé financière de plusieurs acteurs s’est fortement dégradée depuis quelques années, en raison des importations massives de matériaux à prix bas en provenance notamment de la Turquie, de l'Egypte.... Nous avons enregistré même un nombre croissant de fermetures d’entreprises », regrette t-elle. Actuellement, la pénurie du verre sur le marché, selon elle, peut être perçue comme une opportunité. Comment ? «L’importation massive de ce matériau a longtemps pénalisé les fabricants locaux. Il est temps aujourd’hui de promouvoir le produit local et encourager les investisseurs à se lancer dans ce domaine. C’est une opportunité à saisir », insiste t-elle. Avis partagé par Toledano qui ajoute par ailleurs que la problématique réside surtout dans la volatilité et la faiblesse du marché. «Si l’adéquation entre l’offre et la demande est prouvée, beaucoup n’hésiteront pas à investir dans une telle activité prometteuse », conclut-il.