Vidéo. Akhannouch à la CGEM : Priorité à la 3e dose et l’intendance suivra
L'échange entre le chef du gouvernement et les représentants de la CGEM a été jugé par les deux parties "constructif".

Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est réuni mercredi 02 février avec le président et des membres dirigeants de la CGEM au siège de cette confédération à Casablanca. Les patrons espèrent une relance rapide et Akhannouch a appelé à une mobilisation générale pour assurer, au plus vite, le succès de la 3e dose de vaccin anti-covid.  

Face au chef du gouvernement, qui était accompagné de la ministre de l'Économie et des Finances les ministres de l'Économie et des Finances, du ministre de la Santé et de la Protection sociale et du ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, tous les représentants de la CEM ayant pris la parole à cette occasion ont bien montré, chacun concernant son secteur, la gravité de la situation économique induite par la crise sanitaire.


En émettant le souhait de ne plus voir le Maroc refermer ses frontières, le président de la Confédération nationale du Tourisme a affirmé que ce secteur traverse la crise la plus grave et la plus longue qu’il n’a jamais vécue. «A ce jour, 80% des entreprises touristiques sont à l’arrêt. Elles ont besoin de notre solidarité à tous», a lancé Hamid Bentahar. «L’impact va au-delà de l’écosystème du tourisme. Dans certaines régions, toute l’économie est à l’arrêt», a-t-il déploré, en rappelant que le secteur emploie 550.000 salariés et que plus de 2 millions de familles en vivent de manière indirecte.

«Cette crise a trop duré. Je vous laisse imaginer les drames sociaux qui en découlent», a conclu Bentahar en affirmant toutefois que les professionnels commencent à entrevoir une lueur d’espoir. Sa principale requête était la mise en application rapide par le gouvernement du contrat-programme au profit du tourisme. Secteur qui pèse, a-t-il souligné au passage, 12% du PIB, 138 milliards de dirhams de recettes par an et 80 milliards de devises.

De son côté, Mohamed Belbachir, patron de l’usine de Renault à Tanger qui préside de la Commission Solutions Sectorielles de la CGEM, a déclaré que l’industrie automobile, premier exportateur au Maroc depuis 8 ans, est l’un des premiers secteurs ayant été touchés à cause de la crise des composants. «Malgré tout, aucun projet industriel n’a été décalé. D’où un volume de production en 2021 plus important qu’en 2020», a-t-il nuancé. Belbachir a alerté le chef du gouvernement sur les risques liés à la crise des composants électroniques qui, selon lui, sera encore pire cette année. «Nous devons nous projeter sur le long terme pour éviter les écueils de futures crises», a-t-il suggéré.
Auparavant, Mehdi Tazi a résumé en quelques points les inquiétudes et les attentes des patrons. Le vice-président de la CGEM a mis l’accent sur le risque inflationniste qui touche l’ensemble des pays à travers le monde, le stress sur les liquidités des entreprises dont celles ayant bénéficié de Damane oxygène et Damane relance pour à peu près 53 milliards de dirhams sont appelés à rembourser ces prêts.

Tazi a rappelé le besoin pressant pour l’économie nationale d’une diversification des mécanismes de financement, notamment via le déploiement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, avec d’autres solutions innovantes de financement. Il a également annoncé l’engagement de la CGEM à contribuer, sans but lucratif, à la création d’un ensemble de parcs industriels par région dans le cadre du partenariat public-privé, avec comme but des cessions à prix coûtant. «C’est ce qui permettra de casser les mécanismes de spéculation foncière qui peuvent apparaître», a-t-il soutenu.

Le vice-président de la CGEM est revenu aussi sur la problématique du coût de l’énergie. «Nous pensons que nous devons rapidement arriver à l’objectif de à 0,5 DH le kWh d’abord par l’intégration de la moyenne tension dans le périmètre libéralisé et en libérant le plein potentiel de la production décentralisée par les entreprises ou même par les citoyens», a-t-il détaillé. Il a clos son intervention par l’engagement de la la confédération patronale en faveur de la formation pour que le Maroc, en tant que nation digitale, puisse effectivement former 50.000 talents par an aux métiers du numérique. «Grâce à la clairvoyance de Sa Majesté, nous avons aujourd’hui sanitaire qui est maîtrisée. Nous allons fournir des efforts pour que cette maîtrise soit pérennisée», a-t-il conclu.

C’est justement sur l’impérieuse nécessité de la maîtrise de la situation sanitaire qu’a insisté Aziz Akhannouch. Le chef de gouvernement a expliqué que la relance dépend du succès de la campagne de vaccination et donc du succès de la 3e dose. «Toute la chaîne de valeur doit être immunisée», a-t-il insisté.

«Je suis rassuré parce que 2021 a été une année de reprise. C’est vrai que le mois de janvier était difficile, mais avec l’ouverture des frontières, les choses vont changer », a ajouté le chef de gouvernement. Et Akhannouch de conclure : « Vous avez raison d’être inquiets, mais nous sommes là pour apporter des solutions.»

Le secteur bancaire réitère ses engagements

Mohamed Kettani a, au nom du GPBM dont il est vice-président, a réaffirmé la mobilisation du secteur bancaire aux côtés des entreprises. Voici ces explications chiffrés :

«A fin décembre 2021, pour la première fois dans l’histoire du secteur, on dépasse les 1000 milliards de dirhams au niveau des dépôts et au niveau des crédits. Nous sommes à un taux d’emploi de 100%. Chaque centime collecté auprès de la clientèle est placé en crédit à l’économie. En dépit des difficultés induites par la crise, nous avons enregistré une croissance des crédits à l’économie de 3% et plus de 6% au niveau de la collecte des dépôts. Le tout avec un élan de solidarité exceptionnel de la diaspora marocaine, puisqu’on dépasse les 90 milliards de dirhams de collecte. Nous avons aussi renoncé, à travers 515.000 moratoires accordés, à encaisser 123 milliards de dirhams, soit 11% du PIB du secteur bancaire. A ce montant s’ajoute l’équivalent de 63 milliards de dirhams, entre Damane oxygène et Damane relance ainsi que le programme Intilaka, débloqués en l’espace de 18 mois en faveur de 113.400 entreprises, soit 6% du PIB.»

En assurant le gouvernement de la mobilisation du secteur bancaire en faveur de la vaccination, Mohamed Kettani a posé cette question directe au ministre de la Santé : «Quid de tous ceux qui ont été contaminés par la Covid au cours des mois de décembre 2020 et de janvier 2021 ? Parce que tous les jeunes que nous souhaitons vacciner bloquent en considérant qu’ils ont acquis l’immunité après leur guérison. S’il y a une communication officielle de la part du ministère de la Santé, les DRH vont être vraiment à l’aise pour faire accélérer le déploiement de la 3e dose.»

Une réponse officielle est attendue au plus vite.