Le Transhumanisme discuté à l’UM6P
UM6P. Une semaine pour la science.

L’intelligence artificielle, le digital, la robotisation… ont prouvé leur utilité et leur capacité à faire évoluer la société sur divers plans. Encore faut-il utiliser ces technologies à bon escient en respectant le principe de l’éthique. L’UM6P s’intéresse aujourd’hui à ce sujet. 

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L’Université Mohammed VI Polytechnique lance l’édition 2022 de la semaine de la science sous le thème «Transhumanisme: Humain Augmenté». Un événement marqué par la présence de personnalités éminentes issues de différents domaines notamment le monde économique, scientifique...Pour le président de l'UM6P, Hicham El Habti, la semaine de la science se veut un pont entre le monde scientifique et le grand public dans un contexte où les technologies et la science ont prouvé leur utilité pour la société. Il ajoute aussi que cette année, l’événement est marqué par la célébration du Bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur 1822-2022.

Présent à cette occasion, Abdellatif Miraoui, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation est catégorique : «les ruptures ne se devinent pas, elles se préparent. Dans les 10 prochaines années, nous allons assister à des innovations révolutionnaires. Intelligence artificielle, digital...la société se transforme. Il faudra donc se préparer et préparer les jeunes dès maintenant pour affronter le futur », déclare-t-il. Il ajoute aussi «que si nous volons rester compétitif sur la scène internationale, il faudra que l’université prenne ce tournant stratégique. Un mouvement dans ce sens est en train de s’opérer avec le pacte ESRI 2030 qui vise d’accélérer la transformation de l’écosystème et la mutation des universités marocaines tant sur le plan pédagogique, organisationnel... ». Il annonce à l’Observateur du Maroc et d’Afrique que les échanges autour de ce pacte à l’échelle régionale sont en cours. Ils seront suivis bientôt par des assises nationales afin d’aboutir à la mise en place d’une feuille de route adaptée.

Transhumanisme, quel avenir pour l’homme ?



L’un des moments forts de l’événement organisé par l’UM6P, le débat autour de l’artificialisation de l’humain qui a suscité une vive polémique. Marc Roux l’association française des transhumanistes Technoprog pense qu’il faut repousser les limites du corps humain grâce à la technologie. Selon lui, les innovations technologiques et l’intelligence artificielle pourraient dans le futur, permettre de lutter contre la vieillesse, la maladie voire même la mort. «Nous sommes en train d’aller vers une phase où nous pourrons agir de manière volontaire sur notre évolution biologique et créer un transhumain, qui aurait des capacités intellectuelles et autres supérieures à celles des êtres actuels », défend-t-il.

Cette théorie ne semble guère plaire à d’autres scientifiques comme l’experte internationale en intelligence artificielle Amal El Fallah Seghrouchni. Cette dernière également membre de la commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies de l’Unesco, insiste sur le principe de l’éthique. Pour elle, les nouvelles technologies pourraient générer de nombreuses problématiques d’ordre éthique. « Les artefacts tant qu’ils ne s’incrustent pas à l’intérieur de l’humain, restent salutaires. Maintenant, il faudrait réfléchir à toute cette question pour en tirer les avantages et repenser ces technologies pour un usage résilient et éthique », ajoute-t-elle.

L’économiste français Jacques Attali va encore plus loin, et qualifie ce mouvement de Transhumanisme, de secte. «Nous sommes au bord de l’extinction de l’espèce humaine. Donc au lieu de gaspiller de l’argent en faisant croire que nous sommes immortels, il faudra s’intéresser plutôt à l’économie de la vie», souligne-t-il. Attali reste convaincu qu’il faut sauver la planète et s’engager dans un processus de création de conditions nécessaires pour que les générations futures vivent dans un monde meilleur. Cela passe, d’après lui, par l’élimination des énergies fossiles, des effets de serre, des pesticides... «En l’absence de mesures urgentes, le monde sera un enfer dans quelques années », conclut Attali.