Hausse des prix de carburants. Quels impacts sur la mobilité ?
Les transports en commun sont de plus en plus encombrés depuis la hausse des prix des carburants.

Les prix des carburants ne cessent de flamber et ont même atteint de nouveaux sommets historiques ces derniers jours. Quels impacts sur la mobilité des Marocains ? Est-ce une aubaine pour le transport en commun ? 



Les automobilistes se plaignent. Les prix à la pompe augmentent de manière vertigineuse. Un coup dur pour leur pouvoir d’achat qui ne cesse de s’effriter. Pourtant, d’autres moyens alternatifs de mobilité existent. Mais, séduisent-ils réellement les marocains ? Y-a-t-il un véritable bouleversement des habitudes en matière de déplacements ?

Casa Transports souligne à l’Observateur du Maroc et d’Afrique, qu’il n’y a pas eu effet direct de la hausse des prix des carburants sur le taux de fréquentation du tramway. Concrètement, Casa Transports explique qu’il n’y a pas eu de pic de fréquentation lors de cette période. Même son de cloche chez les taximans. Le secrétaire général de la Fédération nationale des professionnels du transport et taxis au Maroc, Mustapha El Kihel, note que les taxis restent une alternative moins coûteuse pour les automobilistes, d’autant plus que les taxis n’ont pas impacté cette hausse sur les tarifs.

Néanmoins, sur le terrain, il fait remarquer que la demande reste constante sans de véritables bouleversements d’habitudes de consommation. Les résultats d’un récent sondage de Sunergia sur les impacts de la hausse des prix des carburants sur les marocains, montrent par ailleurs qu’il y a un impact évident sur le changement des habitudes. En chiffres, l’étude révèle que sur un échantillon de 1003 personnes, dont 37% disposent d’une voiture et 9% d’une mobylette, 44% des sondés ont réduit leurs déplacements journaliers, 8% ont déclaré prendre davantage les transports en commun au moment où 9% se déplacent davantage à pied et 2% en vélo. 37% ont noté par contre, n’avoir aucunement changé leurs habitudes. Sur l’impact sur les usagers des transports publics, l’enquête ajoute que seul 19% des Marocains trouvent qu’il n’y a pas de changement depuis la crise de carburant au niveau des transports publics. Le reste juge que les transports sont de plus en plus encombrés depuis la hausse des prix. Certains chauffeurs de taxis nous ont confirmé ce constat. «Pour certains longs trajets, nous avons remarqué une demande plus importante, ce qui n’était pas le cas avant », affirme un taximan.

Moins de voiture, plus de pouvoir d’achat !

Le coût du carburant et de l’entretien, les embouteillages, ou encore les préoccupations environnementales, annoncent depuis quelques années un véritable bouleversement des habitudes en matière de déplacements dans le monde entier! Qu’en est-il pour le Maroc ? En avril 2021, une étude, réalisée par l’Agence française de développement (AFD), conclut que les tramways de Rabat-Salé et Casablanca ont réussi à changer les habitudes de mobilité des habitants de ces trois agglomérations. «Avec respectivement 120 000 et 110 000 voyages par jour en 2018, les deux lignes tramways ont trouvé leur public. Dans leur périmètre d’influence, plus de 10% des habitants l’utilisent pour aller au travail (hors marche à pied, selon les chiffres du recensement général de la population, 2014). Les femmes l’utilisent presque deux fois plus que les hommes pour leurs déplacements. Cet essor s’est fait cependant au détriment des bus et des grands taxis, mais aussi, pour les femmes, des transports en voiture comme passager», peut-on lire dans la dite étude intitulée «Evaluation ex post des impacts des tramways de Casablanca et de Rabat-Salé-2020».

De son prix d’achat aux frais d’assurance, du stationnement à l’entretien, sans oublier le carburant, posséder une voiture coûte cher ! En 2012, une étude belge a même estimé qu’un bruxellois qui remplaçait sa voiture par un vélo est susceptible d’économiser 2853€ par an, sans même inclure le prix d’achat du véhicule ! Pour ce qui est de l’utilisation des carburants propres, de nombreux pays aujourd’hui, ont lancé des mesures pour réduire les véhicules roulant en diesel. Au Maroc, plus de 95% du parc automobile du diesel. L’étude de l’AFD indique que les calculs effectués montrent bien que les tramways constituent un gain net en termes d’émissions en exploitation, à Rabat-Salé (-25 % d’émissions par rapport au trafic éludé) et surtout à Casablanca (-56 %), où les trajets sont plus longs et les rames plus remplies. «La prise de conscience est là. Et on prévoit une hausse du taux de fréquentation du tramway plus importante dans les années à venir surtout avec le lancement de nouvelles lignes », conclut notre interlocuteur chez Casa Transports.