Conjoncture. Ce que prévoit le HCP pour 2022 et 2023
La croissance économique nationale devrait afficher un net ralentissement de 1,3% par rapport à 7,9% enregistrée en 2021, selon le HCP.

Ralentissement de la croissance économique nationale, baisse du pouvoir d’achat, décélération de la consommation des ménages…l’économie nationale devrait subir en 2022, les effets de l’environnement mondial défavorable. En 2023, l’activité resterait impactée par des niveaux élevés des prix



Contexte..

« Dans un contexte mondial marqué par la succession de deux chocs, la crise pandémique et le conflit russo-ukrainien, l’incertitude et les risques ne cessent d’augmenter. Cette situation a perturbé la production et la consommation, entrainant ainsi une hausse importante des prix des produits de base », note le HCP ajoutant que «Cette inflation importée devrait atteindre un seuil exceptionnel cette année à l’instar de la plupart des pays du monde, ce qui devrait affecter brutalement le pouvoir d’achat et peser sur la rentabilité de quelques secteurs productifs ».

Ralentissement de la croissance

Dans le détail, le HCP explique que l’économie nationale, affaiblie par la crise sanitaire et pâtissant d’un secteur agricole en berne, devrait subir en 2022 les effets de cet environnement mondial défavorable via notamment la décélération de la demande extérieure et la montée de l’inflation. La hausse générale des prix devrait affecter nettement l’offre et la demande, ce qui devrait peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le budget de l’Etat. Ainsi, les prévisions établies dans le cadre du budget économique prévisionnel du janvier dernier, devraient être revues à la baisse.

En chiffres, le HCP souligne que la valeur ajoutée agricole devrait marquer un repli de l’ordre de 14,6% en 2022 après une hausse remarquable de 17,8% en 2021. Et compte tenu d’une évolution de 2,9% de l’activité de la pêche maritime, en nette décélération par rapport à 12,7% enregistré en 2021, le secteur primaire devrait ainsi, enregistrer une forte baisse de l’ordre de 13,5% après un fort rebond de 17,6% en 2021. Concernant les activités du secteur secondaire, elles devraient dégager une valeur ajoutée en nette décélération, avec un rythme d’accroissement de 1,5% seulement au lieu de 6,8% en 2021. Cette évolution s’explique par la contreperformance des activités des industries de transformation, qui devraient ralentir à 1,1% en 2022, suite notamment à la baisse des industries chimiques et à la nette décélération du secteur de l’automobile. Par ailleurs, l’activité du secteur minier devrait afficher une croissance timide en 2022 de l’ordre de 0,5%, sous l’effet de l’amélioration prévue de la production du phosphate roche durant le deuxième semestre de l’année en cours.

Le secteur du BTP devrait, de son côté, connaître un fort ralentissement de son activité à 1,3% en 2022, en raison de la faible dynamique de l’offre et de la demande des biens immobiliers et de l’absence de nouvelles mesures fiscales incitatives. Néanmoins, le HCP explique que les activités tertiaires devraient compenser en partie le net ralentissement des activités secondaires et contribuer positivement à la croissance des activités non agricoles.

Au total, l’activité économique nationale devrait enregistrer une valeur ajoutée globale en hausse de 1,2% en 2022 au lieu de 7,8% en 2021. Tenant compte d’une progression de 2,2% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, la croissance économique nationale devrait afficher un net ralentissement de 1,3% par rapport à 7,9% enregistrée en 2021. L’inflation, exprimée par l’indice implicite du PIB, devrait connaitre une hausse de près de 4,9% après 3,2% en 2021 et 0,1% en 2020. Dans ces conditions, le marché du travail serait marqué par une baisse du taux d’activité de 0,9% après une hausse de 1,1% en 2021. Ainsi, et tenant compte d’une baisse prévisible de la création nette d’emploi, le taux de chômage au niveau national devrait connaitre une quasi-stagnation à 12,2% en 2022.

Baisse du pouvoir d’achat

Après sa forte hausse en 2021, la demande intérieure devrait enregistrer un ralentissement de l’ordre de 1,3% en 2022, entravée par la décélération prévue de la consommation des ménages à 1,6% qui ne contribuerait que de 0,9 point à la croissance en 2022, au lieu de 4,8 points en 2021. Cette situation s’explique par le fléchissement des revenus notamment agricoles et par la baisse des transferts des MRE, après leur fort accroissement deux années auparavant. A cela s’ajoute la flambée des prix des matières énergétiques qui engendre la hausse des cours d’autres produits de base. Cette situation devrait entrainer une baisse du pouvoir d’achat des ménages de 1,5% en 2022 au lieu d’une croissance moyenne de 1,1% entre 2015 et 2019.

L’envolée des prix des matières premières à l’échelle internationale devrait profiter à l’augmentation des exportations des biens en valeur, mais devrait alourdir également la facture des importations des biens notamment celles énergétique et alimentaire. Ainsi le déficit commercial devrait s’aggraver passant de 15,6% du PIB à 17,9% en 2022.

Et en 2023 ?

Pour 2023, le HCP prévoit que l’activité économique nationale resterait impactée par des niveaux élevés des prix.

Ces projections se basent sur un scénario d’une production céréalière moyenne et prennent en considération, la reconduction de la politique budgétaire mise en vigueur durant l’année 2022. Le HCP reste prudent et affirme que ces perspectives restent, toutefois marquées par un niveau élevé d’incertitudes et des risques baissiers liés notamment à l’évolution de la situation géopolitique et les effets qui en découlent en particulier les perturbations des chaines d’approvisionnement et la pénurie des produits de base.

Compte tenu d’une évolution des impôts et taxes sur les produits nets de subventions de 1,5%, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer un taux de croissance de l’ordre de 3,7% en 2023 après un ralentissement de 1,3% prévu en 2022. En terme nominal, le produit intérieur brut devrait enregistrer une progression de 4,5%. Cette évolution fait ressortir une hausse de l’inflation, mesurée par l’indice implicite du PIB, de 0,8 % au lieu de 4,9 % en 2022.

La demande intérieure devrait s’accroitre de 3,3% en 2023 au lieu de 1,3% prévu en 2022, contribuant ainsi de près de 3,6 points à la croissance du PIB au lieu de 1,5 point en 2022. Cette hausse s’explique par l’accroissement prévu de la consommation des ménages de 2,4% en 2023,profitant de l’amélioration des revenus, portant sa contribution à la croissance économique de 1,4 point au lieu de 0,9 point en 2022.