Sortie de la liste grise du GAFI. Quelles retombées pour le pays?
La sortie du Marocde la liste grise du GAFI permettra de booster les investissements étrangers.

Le Maroc ne fait plus partie de la liste grise du GAFI. Une décision très attendue par les autorités et les pouvoirs économiques nationaux. Mais, que va gagner réellement le pays avec cet exit ?  

Très attendue, la décision de sortie du Maroc de la liste grise du GAFI a été prise il y a quelques jours lors de l’assemblée générale du groupe d’action tenue à Paris, du 20 au 24 février 2023. Les experts parlent de « progrès significatifs » du pays dans le domaine de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

En octobre dernier, le GAFI avait décidé de maintenir le Maroc sur sa liste grise pointant du doigt des «défaillances » dans les systèmes de contrôle des mécanismes de financement du terrorisme et du blanchiment d'argent et avait alors proposé au gouvernement huit recommandations à suivre pour se conformer au règlement international.

Défi relevé

Depuis, de nombreux efforts ont été déployés par le Royaume dans ce sens et une batterie de mesures législatives, organisationnelles, de sensibilisation et de contrôle...ont été mises en œuvre par les différentes autorités et institutions nationales concernées, sous la coordination de l’Autorité Nationale du Renseignement Financier, en partenariat avec les personnes morales soumises au droit public ou privé. Après avoir observé sur le terrain « la conformité du dispositif national avec les normes internationales », l'institution a cette fois décidé, à l'unanimité, de sortir le royaume de cette fameuse liste.

Selon l’économiste Mohamed Jadri, « cette décision est le fruit d'un effort remarquable, de réformes correctives déployés par les autorités compétentes marocaines, surtout Bank Al Maghirb depuis 2021 en matière d’amélioration de la supervision des risques liés au blanchiment d'argent et financement du terrorisme, de renforcement du cadre de sanctions financières ciblées, d’accroissement de la diversité du contrôle des transactions suspectes ainsi que l’établissement des procédures de saisie et de confiscation des avoirs ».

Accès au financement

Les avis sont alors unanimes : le Maroc commencera à récolter l'impact positif de cette décision à partir des mois prochains sur plusieurs niveaux. L’économiste chercheur à l’INSEA de Rabat Abdelkhalek Touhami met l’accent sur l’accès au financement international. «Dans sa négociation avec le Maroc pour la ligne modulaire, le FMI a exigé la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI. Aujourd’hui, cette condition est remplie et donc la ligne pourrait être débloquée sans pression avec tout ce que cela va impliquer notamment en matière de décélération des taux d’intérêt en interne», explique l’économiste ajoutant l’impact au niveau de la prise de risque à l’international qui permettra d’avoir accès à plus de pays et de nombreux opérateurs économiques internationaux. Pour sa part, Jadri estime que cette décision aura des répercussions positives dans la notation-pays par les grandes agences de notation internationales, telle que Standards & Poor's. «la notation pourra être améliorée aussi pour le secteur bancaire », complète Touhami.

Jadri quant à lui, affirme que si le gouvernement n'a pas souhaité sortir au marché financier en 2022, c’est à cause justement de cette liste grise. « Aujourd'hui, cela est pourra être fait pour avoir des crédits destinés à l'investissement avec des taux d'intérêt préférentiels ».

Quid des IDE?

De l’avis des économistes sollicités, le Maroc gagnera également sur le volet investissements. Invité au JT de Al Aoula lundi, Ahmed Khalid Benomar, coordinateur du plan d'action du Maroc pour le GAFI, a indiqué que le manque à gagner du Maroc en termes d'IDE pendant qu'il figurait sur la liste grise du GAFI avoisinait les 100 milliards de dirhams. Aujourd’hui, Jadri est convaincu que « le pays deviendra une terre plus attractive des investissements étrangers, surtout, ceux qui avaient peur de la concurrence des blanchisseurs d'argent avec leurs capitaux ». De son côté Touhami, ajoute que lorsque les taux d’intérêt baissent ou se stabilisent, cela booste les investissements.