Grève. Le ton monte chez les pharmaciens
Grève des pharmaciens le 13 avril prochain.

Les pharmaciens sont en colère depuis quelques semaines. Aujourd’hui, ils passent à l’acte et annoncent une grève nationale le 13 avril prochain pour dénoncer le manque de communication des autorités et les conclusions du dernier rapport de la cour des comptes. Zoom…

Les pharmaciens des officines seront en grève de 24 heures le 13 avril prochain. Dans un communiqué conjoint, la confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM), la fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), l’union nationale des pharmaciens du Maroc (UNPM) et la fédération des pharmaciens du Maroc (FPM) ont déploré l’absence d’une volonté politique pour réformer le secteur pharmaceutique qui, selon eux, souffre depuis des années. Pour ces professionnels, ce débrayage intervient alors à la suite de l’accumulation d’une série de problématiques dans le secteur et surtout le refus des autorités compétentes de tout dialogue avec les représentants de la profession afin d’engager les réformes indispensables au redressement de la profession.

Vive polémique

Le dernier rapport de la cour des comptes a secoué la profession et créé une vive polémique qui dure depuis quelques semaines. Il a révélé en effet que les marges bénéficiaires des pharmaciens se situent entre 47% et 57%, pour les médicaments dont le prix hors taxes est inférieur ou égal à 588 dirhams. Elle précisé notamment que ces marges varient entre 300 et 400 dirhams, par boite, pour les médicaments dont le prix de fabrication dépasse 558 dirhams. Ces marges ont été même jugées par la cour des comptes, plus importantes que celles pratiquées en Turquie (25%), au Portugal (5,58%), en France (21,4%)... Les pharmaciens contestent ces résultats. D’après, Amine Bouzoubaa, secrétaire général de la confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc, ce rapport a créé de la confusion. « Ces chiffres englobent 3 marges bénéficiaires pour trois parties TVA sur médicaments, marge des sociétés de distribution des médicaments et celui des pharmaciens », explique-t-il. En effet, la rémunération du pharmacien est exclusivement basée sur deux marges commerciales (T1: 33,93% ou T2: 29,75%) et deux forfaits (T3: 300 DH et T4: 400 DH). De son côté, le pharmacien Abderrahim Derraji note que « Sur un médicament dont le prix est de 3000 DH, le pharmacien perçoit un forfait de 300 DH ce qui correspond à une marge brute de 10%. Sur un médicament dont le prix dépasse 40.000 DH, le pharmacien perçoit uniquement un forfait de 400 DH ce qui correspond à une marge brute inférieure à 1% ».

Question de survie

Selon Bouzoubaa, certaines pharmacies sont au bord du gouffre. D’autres ont même jeté l’éponge. Le professionnel estime que « le 1/3 des pharmacies sont en faillite ». Pour sa part, Derraji affirme que « la mise en application du nouveau décret de fixation des prix des médicaments publié en 2013, a engendré des baisses importantes des prix des médicaments avec des effets collatéraux sur la pharmacie d’officine qui a payé un lourd tribut à ces baisses non compensées. « Tant que les revenus du pharmacien au Maroc restent directement corrélés aux chiffres qu’il réalise sur chaque tranche, toute baisse des prix des médicaments qui ne cible que le pharmacien et sans compensation, s’accompagnera fatalement d’une baisse des revenus des pharmaciens », alerte t-il.

Aujourd’hui, les pharmaciens protestent contre une éventuelle réforme du décret relatif à la fixation des médicaments, recommandée par le rapport de la cour des comptes et qui se prépare, rappellent-ils, sans concertation avec les représentants de la profession. Nous sommes concernés par cette réforme d’où la nécessité qu’on prenne part aux concertations », insistent les professionnels.

Les pharmaciens n’en peuvent plus. Ils jugent qu’aucune initiative n’a été prise par le gouvernement pour engager les réformes nécessaires pour encadre la profession. « Ce n’est que le début d’une série de grèves qui vont succéder si aucune réponse du gouvernement n’est fournie », avertissent les professionnels qui promettent une escalade et prévoient même une deuxième grève de 48 heures en cas d’absence de réaction de la part de l’excécutif après ce premier débrayage.