Programme d'aide au logement. Entre engouement et défis à relever
Le programme d'aide directe au logement connaît un engouement significatif, avec une forte demande enregistrée en une semaine.

Le programme d’aide directe au logement suscite un vif intérêt, avec une forte demande enregistrée en une semaine. Les acteurs du secteur mettent l'accent sur divers obstacles à surmonter pour répondre efficacement à cette demande croissante.

Depuis le lancement du programme d’aide directe au logement, l'enthousiasme est palpable, en particulier parmi les Marocains résidant à l'étranger (MRE). Les statistiques révèlent que, en seulement une semaine, la plateforme dédiée a enregistré près de 8 000 inscriptions, dont 24% proviennent des MRE. Le programme suscite un intérêt marqué pour l'acquisition immobilière, avec 68% des demandes portant sur des biens d'une valeur inférieure à 300 000 dirhams, et 32% pour des biens entre 300 000 et 700 000 dirhams.

Le ministère de l’habitat précise que les demandes enregistrées sont issus des 12 régions du pays. Ces résultats sont jugés positifs par le vice président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI), Anice Benjelloun. Il précise « nous avons toujours souligné qu’il y a une demande importante axée principalement sur des logements à coût réduit, correspondant à la possibilité d'achat de la majorité des citoyens marocains », mais il ajoute que cela soulève la question cruciale de savoir si une réponse adéquate sera apportée à cette demande. Même son de cloche de la part du président de l’union nationale des petits promoteurs immobiliers (UNPP), Ahmed Bouhmid. Selon lui, « il n'y a pas de produit disponible sur le marché avec un permis d'habitat de 2023 et qui est vendu à 300.000 DH. Peut-être dans les petites villes, mais les attentes des citoyens sont surtout centrées sur les grandes villes ».

Les deux professionnels sont unanimes : «les logements demandés ne correspondent plus aux anciens logements sociaux définis dans les programmes précédents. Il s'agit d'une nouvelle typologie de logement les confusions entre les deux catégories d'acquéreurs doivent être dissipées.

Défis à surmonter

A.Benjelloun souligne l'impératif d'analyser les zones et régions touchées par la demande croissante et la nécessité d'affiner cette demande et d'explorer les possibilités disponibles. Pour lui, « la réalisation de ces logements dans les conditions actuelles est difficile, surtout dans les grandes agglomérations où le coût du foncier est élevé. De plus, des contraintes telles que des restrictions de surface minimale imposées par le règlement d'urbanisme dans certaines régions compliquent encore la production de ce nouveau type de logement. Il note également qu’en 2024, la hausse de prix des matériaux de construction, notamment du ciment et l'introduction d'une taxe de 400.000 DH par hectare imposée par les régies ajoutent des défis financiers supplémentaires. Cette taxe, d’après lui, entraîne déjà des coûts supplémentaires significatifs par logement.

De son côté, A.Bouhmid demeure convaincu qu'il est inconcevable de penser que dans les grandes villes, où le prix du foncier est compris entre 15 000 et 20 000 DH, l'on puisse produire des habitations répondant aux conditions du nouveau programme. Il propose par ailleurs une solution : « il y a du foncier disponible au sein des institutions publiques. Ce foncier peut être mis à la disposition pour concrétiser ce programme dans le cadre de partenariats entre le public et le privé ». Il met l’accent aussi sur la nécessité de définir des objectifs chiffrés concrets sur la période du programme étalée entre 2024 et 2028 pour orienter le secteur et garantir un accès au financement bancaire pour les catégories vulnérables. «En général, ce type de logement, surtout ceux dont le prix est inférieur à 300 000 dirhams, suscitera l'intérêt des catégories vulnérables sans salaire fixe, issues de l'informel. Cela rendra ardue l'obtention d'un crédit bancaire qui ne répond pas aux critères imposés par les banques ».

Autre hic relevé : la difficulté de construire les logements nécessaires dans une période aussi courte que 5 ans. « Non seulement, la présence d'investisseurs et de promoteurs pour concrétiser ces logements reste floue, mais aussi pour répondre aux besoins définis en cinq ans, il est essentiel de prendre en considération des aspects tels que le foncier, les autorisations, et d'autres éléments. La stratégie, selon lui, doit être élaborée en tenant compte de l'ensemble de ces aspects pour garantir une mise en œuvre réussie.