ElleMoutmir. Bilan et perspectives
A ce jour, ElleMoutmir a formé plus de 4 000 agricultrices et accompagné 400 coopératives féminines.

L'initiative Al Moutmir, à travers son programme ElleMoutmir, place les femmes rurales au cœur de ses actions en Afrique. Des initiatives concrètes et ciblées sont mises en place. Objectifs: renforcer leur résilience face aux défis agricoles et promouvoir leur autonomie, les transformant en véritables moteurs du développement durable.

À l'occasion de la journée internationale des femmes rurales, l’équipe Al Moutmir a organisé une journée de discussions et d’échanges à Marrakech sur le thème « Renforcer la résilience au sein des communautés rurales en Afrique : les femmes, réelles actrices du changement ». Cet événement a mis l’accent sur le rôle fondamental des femmes rurales dans le développement agricole et leur capacité à devenir des leaders au sein de leurs communautés, tout en apportant des solutions concrètes pour surmonter les défis auxquels elles font face.Un engagement en faveur des femmes ruralesL’initiative Al Moutmir, portée par l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) depuis septembre 2022, est un programme innovant qui vise à répondre aux besoins des petits agriculteurs, avec une attention particulière pour les femmes rurales. Le programme ElleMoutmir, lancé dans ce cadre, accompagne les femmes agricultrices, les revendeuses d’intrants agricoles, les coopératives féminines et les jeunes leaders à travers des formations agricoles, des solutions digitales et des modules de renforcement de compétences managériales. Nawfel Roudies, directeur de l’initiative Al Moutmir, a souligné l’importance de ce programme: « Nous sommes engagés à accompagner les femmes rurales pour qu’elles deviennent de véritables moteurs de transformation dans leurs communautés. Grâce à ElleMoutmir, nous visons à équiper ces femmes des outils nécessaires pour faire face aux aléas climatiques et économiques tout en renforçant leur autonomie. »Loubna Chagar, responsable du programme ElleMoutmir, a quant à elle évoqué l’impact concret des actions menées : « À ce jour, nous avons déjà formé plus de 4 000 agricultrices et accompagné 400 coopératives féminines. Chaque femme formée devient un relais de savoir dans sa communauté, et cette approche a un effet multiplicateur considérable sur la productivité et la résilience des ménages agricoles. »Femmes rurales en AfriqueBruno Gérard, doyen du Collège d'Agriculture et des Sciences Environnementales à l'UM6P, a rappelé les deux défis majeurs auxquels l’Afrique est confrontée : le changement climatique et la pression démographique croissante. « En 2025, l’Afrique comptera 1,5 milliard de personnes, et ce chiffre atteindra 2,5 milliards en 2050. Dans ce contexte, l’agriculture joue un rôle stratégique, mais elle doit être repensée, notamment en intégrant pleinement les femmes, qui sont souvent en première ligne, mais rarement incluses dans les processus décisionnels. »Il a également insisté sur la nécessité de placer les femmes rurales au cœur des politiques de résilience : « Sans la participation active des femmes, l'Afrique ne pourra pas relever les défis de sécurité alimentaire et de développement durable. Elles détiennent les savoirs, mais nous devons leur donner les moyens d’agir. »Favoriser les synergies pour une résilience durableNawfel Roudies a rappelé l'importance d'activer des leviers concrets pour renforcer la résilience des femmes en milieu rural. Pour lui, il est nécessaire d'établir des synergies efficaces entre la recherche et le terrain. « L’agriculture est en pleine mutation, et il est essentiel que les avancées scientifiques et technologiques bénéficient directement aux agriculteurs, notamment aux femmes. Leur résilience repose sur un accès accru à la formation, aux ressources et à des solutions durables », a-t-il affirmé.Mehdi Ouzine, directeur d’OCP Africa au Sénégal, a insisté quant à lui, sur la nécessité de renforcer les partenariats public-privé (PPP). Il a également souligné l'importance de la mise en place de programmes holistiques intégrant l'ensemble des filières agricoles. Selon lui, il est primordial de favoriser l’accès au financement et d'encourager les femmes à intégrer le domaine de l'agritech, un secteur clé pour l’avenir de l’agriculture durable.Un des moments forts de l’événement a été la session dédiée aux témoignages des femmes rurales, intitulée « Voix de la Résilience ». Des femmes leaders ont partagé leurs expériences, mettant en avant leur capacité à surmonter les obstacles et à transformer leurs exploitations agricoles en entreprises viables. « Les femmes rurales ne sont pas simplement des bénéficiaires passives des programmes de développement. Elles sont des détentrices de savoirs traditionnels qui, combinés aux innovations modernes, permettent de créer des solutions adaptées à leurs réalités. , a noté Loubna Chagar .Une ambition croissante pour l’avenirNawfel Roudies a également annoncé l’objectif ambitieux du programme pour les années à venir : « Nous prévoyons de doubler le nombre de femmes accompagnées d’ici l’année prochaine. Nous savons que les défis sont nombreux, notamment en raison du changement climatique, mais nous croyons fermement que ces femmes sont la clé pour assurer la résilience des communautés rurales. »Bruno Gérard a conclu en rappelant l’importance de soutenir cette dynamique à travers des investissements et des partenariats stratégiques : « Nous devons continuer à investir dans les programmes comme ElleMoutmir, car ils sont la pierre angulaire d’un avenir agricole durable et inclusif en Afrique. »