EMI UNE GRANDE ECOLE À SAUVER !

RÉFORME D’éminents Emistes se mobilisent pour l’Ecole à laquelle ils doivent leur réussite. Pour eux, l’heure est grave. L’EMI du futur doit se construire aujourd’hui, sinon elle risque d’être écrasée par la concurrence qui se fera de plus en plus rude.

D’habitude, une association d’anciens élèves d’une grande Ecole, quand elle est agissante, fait dans le caritatif. Ce n’est pas le cas de l’AIEM. L’association des ingénieurs de l’Ecole Mahammadia se mobilise, depuis quelque temps déjà, pour voir se construire aujourd’hui l’EMI de demain. A la veille du congrès de cette organisation (prévue le 26 octobre en présence du chef du gouvernement), Mohamed Rabie Khlie, son actuel président, est venu à Casablanca partager avec des journalistes ses soucis et ceux des autres membres du bureau dirigeant de l’AIEM concernant cette grande Ecole. Première École d'ingénieurs au Maroc, l’EMI a formé, jusqu’à présent, quelque 7.500 ingénieurs. Khlie est parmi ses lauréats. Anas Houir Alami, directeur général de la CDG et vice-président du bureau national de l’AIEM, l’est aussi. L’EMI compte aussi des lauréats venus d’ailleurs qui sont aujourd’hui de hauts responsables dans leur pays. C’est le cas, par exemple, de Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, actuel Premier ministre mauritanien. C’est ce qui fait dire à Anas Houir Alami que l’Ecole où il a été formé représente un précieux « patrimoine national » à préserver. Pour ce faire, l’Association a élaboré une véritable feuille de route. Inscrit en priorité absolu, le mode de gouvernance de l’EMI devra changer.

« En étant rattachée à l’Université Mohammed V, l’Ecole n'est pas tout à fait autonome », regrette Khlie. Le diagnostic ne s’arrête pas là, une étude menée par le cabinet Mazars Masnaoui pour le compte de l’association fait ressortir le manque de moyens dont souffre l’Ecole, en comparaison avec l'INPT ou encore l’EHTP. « Entre l’EMI et ces grandes écoles, le rapport du budget rapporté à l'étudiant est de 1 à 4 », précise le président de l’AIEM. Le problème se pose aussi au niveau du corps professoral dont l’essentiel sera appelé à partir à la retraite au cours des prochaines dix années. Cependant, « les effectifs des étudiants sont passés de 600 en 2000 à 1.500 en 2011 alors que les budgets alloués à l’Ecole n’ont pas suivi. L’infrastructure non plus », détaille Abdelouahed Jambari, Secrétaire Général du bureau national de l’association. « Loin de nous l’idée de dramatiser la situation, nous sommes plutôt dans une logique prospective », nuance Anas Alami, précisant que son souci premier et celui des autres membres de l’AIEM est de voir l’EMI assurer sa compétitivité face aux grandes Ecoles qui affluent vers le Maroc. La Vision de l’AIEM « L’EMI du Futur », selon l’AIEM, est possible avec un nouveau statut, un mode de gestion efficient et une organisation revue et corrigée. Le tout avec des règles nouvelles de gouvernance devant ériger l’Ecole en Université Polytechnique Mohammadia englobant huit Ecoles Supérieures d’Ingénieurs : Génie Électrique, Génie Informatique et Modélisation, Génie Minéral, Génie des Procédés, Génie Industriel, Génie Mécanique et Génie Civil. Ce sont ces pistes et bien d’autres qui seront présentées le 26 octobre.