Les transporteurs routiers de voyageurs ne rouleront pas 

Sur les neuf organisations professionnelles du secteur du transport routier des personnes, sept ont décidé de ne pas rouler. Seules deux, ont signé le cahier de charges exigé par le ministère de tutelle

C’est décidé. La majorité des transporteurs routiers de personnes garderont leurs moteurs froids. Ils refusent catégoriquement de signer le cahier de charges qui prévoit une série de mesures de précaution à mettre en œuvre pour la reprise.

Déjà, selon le président de l'Union  des transporteurs routiers des personnes UTRP, Jilali Rahmani, la démarche a été instaurée de manière unilatérale sans la moindre concertation avec les professionnels du secteur. «Nous avons été découvert ce cahier de charges via les réseaux sociaux après que l’annonce faite par le ministre sur sa page Facebook », s’insurge Rahmani.

Des mesures drastiques

Mais en dehors du déroulement du processus, c’est le contenu de cahier qui dérange aujourd’hui les professionnels. Rahmani pointe du doigt une série de clauses et mesures prévues qui non seulement ne pourront pas être appliquées sur le terrain, mais aussi portent préjudice aux opérateurs du secteur. Il s’agit d’abord, de la collecte des informations personnelles des voyageurs.  «On ne peut pas imposer aux gens de nous communiquer leurs numéros de téléphones, leurs adresses personnelles…ce n’est pas au transporteur de gérer cela », commente Jilali Rahmani. Selon le cahier de charges, les transporteurs routiers doivent disposer d’un certificat de désinfection des autocars délivrés de la part des autorités sanitaires ou des sociétés privés spécialisées. Ce certificat est valable pour une durée de 10 jours seulement. Cette mesure n’est pas au goût des professionnels. «On ne peut pas procéder à cette démarche. Ce sont des investissements supplémentaires que nous devons supporter au moment où le secteur passe par une crise sans précédent », déclare Jilali Rahmani qui propose que cela soit pris en charge par le secteur public surtout que les transporteurs s’acquittent de droits importants au profit des gares routières du Royaume. Autre hic, l’obligation de s’arrêter au bout de chaque heure en plein air durant tout le trajet. «Impossible de respecter cette consigne pour plusieurs raisons. La première : avec cet arrêt fréquent, on ne pourra pas respecter nos horaires prévus et ceci nous coûtera cher puisque tout retard est sanctionné vis-à-vis de la loi, d’autant plus que le ministère n’a prévu aucune mesure parallèle dans ce sens. Aussi, sur l’autoroute, on ne peut pas s’arrêter parce que déjà la durée du trajet entre deux airs de repos dépasse une heure. Sur la route nationale, c’est encore pire. Où est ce qu’on pourra s’arrêter ? au milieu de nulle part ? », martèle Jilali Rahmani.

Des sanctions lourdes

Si le ministère a mis en place ce cahier de charges, c’est pour «encadrer le fonctionnement de la reprise des activités. Et les différentes fédérations et syndicats professionnels du secteur sont obligés d’apposer  leur signature. Sinon, ils seront sanctionnés lourdement. «si on ne signe pas le document, il y aura suspension des autorisations de circulation pendant une durée de 3 mois avec une mise en fourrière pendant 15 jours. C’est de l’aberration totale », explique le  président de l’UTRP.

Pour reprendre leurs activités, les professionnels veulent une feuille de route réalisables sur le terrain et adéquates à la nature du secteur. «on peut désinfecter avec les moyens du bord. Le reste c’est aux autorités de s’en occuper », glisse Jilali Rahmani

Et avant cela, ils demandent à leur ministère de tutelle de s’intéresser à eux et à leurs revendications. Le secteur est en mauvaise passe et le redémarrage exige la mise en place d’un plan de relance avec une batterie de mesures de soutien. «On ne peut pas dépasser 50% de notre capacité habituelle aujourd’hui. En même temps, on doit payer les mêmes frais au niveau du gasoil, de l’autoroute…verser les mêmes droits aux gares routière sans parler des charges fixes liées au personnel, loyer, locations d’agréments….on est au bord du gouffre », regrette Jilali Rahmani qui reste catégorique : «on ne pourra reprendre l’activité dans ces conditions. Pourvu qu’on nous écoute. Sinon, le premier perdant sera le consommateur ».