Pourquoi les prix des légumes flambent-ils ?

Les Marocains n'en peuvent plus. Les prix de vente des fruits et légumes s'envolent. Grossistes et détaillants, se rejettent la responsabilité. Le consommateur trinque

Mounia Kabiri Kettani

Une tournée des marchés de Casablanca, montre que le prix moyen des légumes dépasse les 6 DH le kilogramme. Celui des fruits, dépasse les 14 DH. Les commerçants renvoient cette flambée à la hausse des coûts du transport qui se répercute sur les prix de consommation. «Les frais de transport ont augmenté de 30% à cause de la situation sanitaire et des mesures mises en place qui exigeant la désinfection du matériel », déclare l’un des commerçants. Pour un autre vendeur, la situation s’explique par l'augmentation des prix d’acquisition au niveau du marché de gros de Casablanca. Chose que dément formellement le secrétaire général de l'association du marché de gros des fruits et légumes. «Les prix de vente sur le marché de détail, ne reflète guère la réalité des tarifs pratiqués sur le marché de gros », tranche t-il. Abderrazak Echabbi reconnait qu’en cette période de l’année (septembre et octobre) les prix des légumes subissent toujours une légère hausse en raison des facteurs climatiques. Or, cette hausse, selon lui, reste très faible en comparaison avec ce qui est pratiqué au niveau des points de vente de détail.

Anarchie totale

Pour illustrer ses propos, Abderrazak Echabbi, donne l’exemple de la pomme de terre. Celle-ci et vendue  à 3,5 DH/kg en gros. Et elle est revendue à 7DH/ kg au consommateur. Pour les tomates, le prix au niveau du marché de gros se situe entre 3 et 3,5DH/Kg. A l’extérieur, on la retrouve à 7 voire même 8DH/kg, soit le double. Il y a aussi le cas des oignons vendus à 1 ou 2DH/kg en gros et 6DH/kg en détail et des carottes dont le prix ne dépasse pas les 1,5DH/Kg chez les grossistes au moment où le consommateur doit débourser 7DH pour le kilo chez les commerçants. «Cette situation est due à la problématique de la loi de la liberté des prix. Chacun des commerçants fixe ses propres tarifs, arbitrairement sans aucun contrôle de la part des autorités. La section économique relevant des commissions préfectorales est paralysée depuis quelques années. Et la commission de contrôle des prix n’est plus active. En l’absence de contrôle, c’est l’anarchie totale », regrette Abderrazak Echabbi.  Les commerçants de détail, relèvent aussi le problème de l’intermédiation. Mais Echabbi, est catégorique : «rien ne pourra justifier ce qui se passe sur les marchés de détail. C’est de l’aberration totale qui porte préjudice au consommateur et au grossiste à la fois. Puisque, face à des prix pareils, le consommateur dont le pouvoir d’achat est en berne, achète à de petites quantités. La baisse de la demande engendre une suroffre au niveau du marchés de gros. et la marchandise finit dans les poubelles », s’insurge Abderrazak Echabbi. Il ajoute également que cette hausse n’est plus une question conjoncturelle. Cela devient malheureusement structurel. D’après lui, chaque année, durant 10 mois l’offre dépasse largement la demande chez les grossistes. Et donc à ce moment, le prix de pomme de terre ne dépasse pas le 1,5DH/Kg celui des tomates le 1DH/Kg, les carottes sont vendus à 0,5DH/Kg… « Normalement, le consommateur doit bénéficier de cette baisse. Alors qu’en réalité, il continue à acheter à un prix moyen de 4 à 6DH/Kg quelque soit le prix au niveau du marché de gros. Solution? «il faut réglementer le marché de détail et réactiver le travail des commissions du contrôle des prix sur le terrain », préconise Abderrazak Echabbi.