Nouvelles extensions des noms de domaine, pourquoi faire ?
Andrew Mack, consultant Afrique et Moyen Orient pour PIR (Public Interest Registry)

Internet- On connaissait le «.com », le «.fr » ou le «.org ». Il va bientôt falloir compter avec le «.book » ou le «.nokia ». Plus de 1.400 nouvelles extensions vont être lancées entre 2014 et 2015. Les entreprises doivent prendre le train en marche pour profiter au maximum de ces nouvelles opportunités.

« Nous allons vivre dans les prochains mois une évolution, voire une révolution des noms de domaine », annonce Aziz Hilali. ET le président d’ISOC Maroc d’ajouter : « S’il existe aujourd’hui 21 noms génériques et presque une centaine extensions, il en existera d'ici un an et demi plus de 1 900 ! ». C'est un bigbang au niveau d'Internet. Concrètement, l'ICANN, la société américaine pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet, a autorisé la création de nouvelles extensions dans quatre grandes catégories : les .marques, les .communautés, les .géographiques et les génériques. « Lors du lancement du programme, les plus optimistes s’attendaient à 200 noms. Or, il y a eu 1934 demandes de noms de domaines dans le monde en 2012 », explique Hilali. Qu’en-est-il du Maroc ? « Aucune demande n’a été faite dans ce sens. Déjà sur les 1934, seulement 17 concernent toute l’Afrique dont 15 pour l’Afrique du sud et 2 dans le monde arabe ».

Une source d'opportunités

Au final, quel intérêt pour les TPE et PME ? « Les entreprises doivent s'intéresser de près à tous ces changements. Les nouvelles extensions vont en effet leur permettre de mieux positionner leur offre », assure aziz Hilali.La particularité des nouvelles extensions est qu'elles sont adaptées à de nombreux secteurs d'activité.  Les sociétés pourront donc spécifier leur secteur d'activité dans leur adresse web. Elles communiqueront ainsi leur identité aux visiteurs, avant même que ceux-ci n'entrent sur leur site web. Les entreprises seront donc plus facilement identifiables par leurs clients et prospects, et gagneront en termes de visibilité et de communication. C’est en l’occurrence un avantage concurrentiel de taille. Par ailleurs, les extensions géographiques permettront de mettre en avant le savoir-faire local. « Des critères d'attribution, plus ou moins drastiques, sont définis pour chacune des nouvelles extensions. Par exemple, pour le ‘.paris’, l'entreprise doit avoir son siège social dans la ville ou bien mettre en valeur Paris via son activité », souligne Hilali.

Quid des risques ?

Au-delà des opportunités, l'arrivée de nouvelles extensions implique de nouveaux enjeux et risques. « Nous sommes obligés de faire de la veille car ceci peut toucher aux marques ou à des éléments considérés sacrés dans un pays. Par exemple, il y a un nom de domaine qui correspond à une entreprise mais ce même nom peut être un pays dans un continent ou même une plante sacrée dans un pays africain. Certes pour les zones géographiques ou religieuses l’Icann a pris ses précautions puisqu’il faut qu’il y ait un accord délivré par les autorités locales ou religieuses du pays, mais pour le reste des risques persistent. Il faut donc prendre du recul et adopter une démarche stratégique », prévient Hilali.  Enfin, concernant le prix des nouvelles extensions, celui-ci sera compris, à titre indicatif, entre 30 et 100 dollars  par an. L'enjeu n'est pas économique mais bel et bien stratégique. Il est donc essentiel pour tout entreprise de réfléchir dès maintenant à sa future politique de nom de domaine, sous peine de se faire dépasser par la concurrence.

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Avis de Andrew Mack

Consultant Afrique et Moyen Orient pour PIR (Public Interest Registry)

 

« Public Interest Registry (PIR), organisation à but non lucratif, est en charge de la gestion des noms de domaine de la communauté des ONG à l’échelle mondiale. Le 20 février dernier, dans son rapport d’activité, PIR annonçait le dépassement du seuil des 10 millions de sites, utilisant .ORG (croissance mondiale 2013 de +2,6%). En juillet 2014, PIR présentera 2 nouveaux domaines .NGO et .ONG. Il sera possible de se préenregistrer sur le site de PIR dès cette date, avant le lancement prévu en septembre 2014. La création des .NGO/.ONG s’inscrit dans le cadre du lancement de plus de 1.000 nouveaux noms de domaine validés depuis 2012 par l’ICANN (Internet Corporation Assigned Names and Numbers). Les associations et organisations non gouvernementales ont des problématiques bien spécifiques comme celles de se différencier des sites marchands ou gouvernementaux ou encore d’assurer la sécurité des paiements pour les donateurs. Ces innovations intéresseront grandement le tissu associatif marocain, qui compte 44.771 associations, selon « L’Enquête nationale auprès des Institutions sans but lucratif » réalisées par le Haut-commissariat au plan (2007) et présentée fin 2012. Les 2 nouveaux domaines sont une belle opportunité pour les associations, car .NGO et .ONG accroitront encore la fiabilité et la sécurité des sites des associations et des ONG. Cette belle perspective sera offerte à toutes les organisations marocaines à but non lucratif (associations, fondations, ONG...) quel que soit leur domaine d’intervention : environnement, solidarité, éducation, santé, développement... Pour le prix, le package .ONG et .NGO est vendu à environ 50 dollars américains. »