Prix des légumes. A qui profite la hausse ? 
Hausse des prix des fruits et légumes

L’offre des produits alimentaires est suffisante pour répondre aux besoins ramadanesques des Marocains. Or, on note une hausse importante des prix sur le marché des fruits et légumes. La flambée risque de se poursuivre jusqu’à la fin du mois du jeûne.

Oignons, tomates, œufs... les produits de première nécessité ont connu, comme chaque Ramadan, une hausse importante de leurs prix. Les oignons ont connu une augmentation de leur prix de 5 à plus de 7,5 dirhams le kilo et les prix des tomates ont enregistré une hausse vertigineuse pour se situer autour de 7 à 8 DH le kilo. Les principaux intervenants dans la filière des fruits et légumes s’accusent mutuellement. Pour l’un des commerçants, la hausse constatée sur le marché est due à l’augmentation de plus de 30% des frais de transport à cause de la situation sanitaire et des mesures mises en place». Un autre détaillant ajoute que la situation s’explique par la hausse des prix de vente au niveau du marché de gros de Casablanca. Le secrétaire général de l'association du marché de gros des fruits et légumes, Abderrazak Echabbi est catégorique :

Sans foi ni loi

Lahcen Boulguid, le président de l’association des producteurs et exportateurs de maraîchage et primeurs du Maroc (Aspem), région du Souss et membre de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel) reconnait qu’il y a une hausse des prix de certains produits dont la tomate et les oignons, très prisés lors du mois du ramadan. Or, il regrette une anarchie totale sur le marché suite à des pratiques comme la spéculation ou encore la multitude des intermédiaires ce qui entraine une forte augmentation des prix. «Finalement, ce sont le consommateur et l’agriculteur qui paient les prix forts de ce genre de pratiques en l’absence d’un contrôle rigoureux de la part des autorités », alerte t-il. Aujourd’hui, le prix de sortie de la tomate se situe entre 70 et 90 DH la caisse soit 2 à 3 DH/Kg chez l’agriculteur. Sur le marché de détail, le prix est le double voire même le triple. Même cas pour les oignons dont le prix de sortie à la ferme oscille entre 0,50 et 1,5 DH/kg selon la catégorie du produit ». Les oignons sont vendus sur le marché de gros entre 0,7 et 4 DH/Kg. Sur le marché de détail, le consommateur paie pratiquement trois fois ou quatre fois le prix . « Rien ne pourra justifier ce qui se passe sur les marchés de détail. C’est de l’aberration totale qui porte préjudice au consommateur et au grossiste à la fois. Face à des prix pareils, le consommateur dont le pouvoir d’achat est en berne, achète à de petites quantités. La baisse de la demande provoque alors une suroffre sur les marchés de gros, des quantités importantes de la marchandise jetées dans les poubelles », s’insurge Abderrazak Echabbi qui note que la section économique relevant des commissions préfectorales est paralysée depuis quelques années. Et la commission de contrôle des prix sur les marchés n’est plus active.

Globalement, les professionnels du secteur soulignent que la hausse des prix sur le marché n’est plus une question conjoncturelle.

«Cela devient malheureusement structurel », regrette Lahcen Boulguid. Abderrazak Echabbi ajoute par ailleurs que durant 10 mois de l’année, l’offre dépasse largement la demande chez les grossistes. Et donc le prix de pomme de terre par exemple ne dépasse pas le 1,5DH/Kg, celui des tomates le 1DH/Kg... « Normalement, le consommateur doit bénéficier de cette baisse. Alors qu’en réalité, il continue à acheter à un prix moyen de 4 à 6DH/Kg quelque soit le prix au niveau du marché de gros », conclut le secrétaire général de l'association du marché de gros des fruits et légumes.